A.
Jean François Noël - °1774.
I.
Vie de Jean-François Noël
1.Chronologie
Enfance (1774-1790)
Jean
François Noël. Bellâtre de 5 pieds 4 pouces = 1 m
73.
Né le 20 mars 1774 à Trévoux, Ain,
baptisé le 21. Fils de Robert Gaspard et de Cécile Valentin.
Va au collège de Trévoux d’octobre 1780 à juillet
1784.
Eté 1781 : Jean Marie Cécile Valentin du Plantier
donne un bal à Bourg en Bresse, Ain.
1783 : visite d’Antoine Léon Anne Amelot de
Chaillou, Intendant de la généralité de Bourgogne. Vol du pistolet ; passe 8
jours chez les Missionnaires de Saint-Joseph à La Croix Rousse, Rhône : fin
1783.
25 août 1784 : création de la compagnie des
chevaliers de l’Arquebuse, ou de l’Oiseau.
Va au collège de Thoisey, Ain, de septembre
1784 à juillet 1788.
Son père part pour Antibes fin 1785, avec Mme
Eustache, sa maîtresse ; vente de la maison familiale, 1 et 3 rue du Gouvernement,
à Trévoux. Chuinagues-Trévoux-janvier 1787.
Tombe amoureux de sa tante Louise Cécile
Valentin en 1786. 1ère communion : juin
1786.
Rhétorique d’octobre 1787 à juillet 1788.
Juin 1788 : sa mère lui propose d’entrer dans
l’état ecclésiastique. Tonsuré à Lyon Saint-Jean en juillet 1788.
Va au collège de Bourg en Bresse d’octobre 1788
à juillet 1790. Fin 1789 : veut s’engager dans l’armée ; aide son oncle Jean
Marie Cécile Valentin du Plantier, dans ses écritures.
Juillet 1790 : visite au collège de Thoissey.
Renonce à l’état ecclésiastique. Voyage à Vienne, Isère, pour s’engager dans
l’armée ; s’y refuse.
engagement à Lyon dans le 9me régiment de Dragons 1790
Septembre
1790 : commis drapier à Lyon. Atteint de syphilis au printemps 1791. Tombe
amoureux de sa cousine Alexandrine Gouvion : été 1791.
22 novembre 1791 : signe son engagement à
Lyon dans le 9me régiment de Dragons, armée du Midi. Maladie vénérienne
à Montpellier, Hérault ; congé de convalescence en janvier 1792 à Trévoux. Retourne
à Nîmes et au Vigan, Gard, en février 1792.
20 avril 1792 : déclaration de guerre par la
République Française à la Prusse et à l’Autriche.
Revient à Nîmes en juillet 1792. Sort du 9me
régiment de Dragons le 17 novembre 1792. Nommé sous-lieutenant le 25 novembre
1792 à partir du 17 août 1792, à la compagnie Questa, 27me régiment d’Infanterie,
1er bataillon, armée du Rhin. Passe à Trévoux entre le 28 octobre
et le 12 novembre . Arrive à Strasbourg le 16. Lettre au ministre de la Guerre,
datée à Strasbourg du 22 novembre 1792.
15 janvier 1793 : le 27me régiment d’Infanterie
fait partie de la division Hatry, détachée de l’armée du Rhin à l’armée de la
Moselle ; 1ère brigade, général Bonnet.
Malade 1 mois en mars-avril 1793. 29 juin :
1ère bataille. Octobre : retour à Hagueneau et 1er baptême
du feu.
17-18 brumaire an 2 : bataille de Weissembourg.
29 brumaire : bataille de Schaffhausen ; mort du colonel Dumortier.
Pluviôse an 2 : malade à Saint-Avold, Moselle,
et convalescent à Nancy, Meurthe et Moselle.
1er thermidor an 2 : le 27me R.I.
reste dans la division Hatry, mais passe dans la 1ère brigade de
l’armée de Sambre et Meuse ; son bataillon a 1216 hommes.
Formée le 11 nivôse an 3, la 53e
demi-brigade cantonne dans les places de la Gueldre, Hollande et R.F.A. :
• à Herle le 25 nivôse an 3, forte
de 2922 hommes ; carnaval de Ruremonde en pluviôse an 3 ;
• près Gueldre le 25 ventôse an
3, forte de 2879 hommes ; 1er essai de journal intime en ventôse,
envoyé à Alexandrine Gouvion. Arrivée devant Luxembourg le 28 germinal an 3
pour en faire le siège ; prit part au blocus et aux attaques jusqu’à la capitulation
le 27 prairial.
• au camp de Coblentz le 15 messidor,
forte de 2945 hommes, où elle passe à la 8me division du centre, brigade Rivet,
armée de Sambre et Meuse, sous le général Jourdan.
Placée entre Trèves et Coblentz du 25 thermidor
au 25 îuctidor, forte de 2521 hommes, elle passe le Rhin à Neuwied le 30 îuctidor
an 3. Elle marche sur le Lahn et contribue à forcer l’ennemi de le repasser
le 1er vendémiaire an 4 ; prend position en avant de Luxembourg et
en part le 3 pour se rendre à Cassel où elle se réunit à la division Championnet
qui force
les Autrichiens à s’y renfermer. Dans sa retraite,
la 53me demi-brigade fait partie de l’arrière-garde de l’armée de Rhin et Moselle,
11me division et soutient des combats.
27 nivôse an 4 : élu lieutenant de la 4me compagnie
du 2d bataillon de la 53me demi-brigade d’Infanterie, à partir du 1er
îuctidor an 3.
Repasse le Rhin le 27 vendémiaire an 4, prend
position en avant de Cologne et se déplace comme suit :
• en marche pour se rendre devant
Mayence le 1er brumaire an 4, forte de 2810 hommes ; dans ce mouvement
elle apprend le 8 brumaire à Bingen que l’armée se retire sur Alzay ; se dirige
le soir sur Kreutznach et le 9 va à Kern, d’où elle se rend à Rokenhausen. Le
17 brumaire, après un combat meurtrier, elle se retire à Kaiserslautern, puis
à Pirmasens et à Deux-Ponts, d’où elle repousse les Autrichiens jusqu’à Kaiserslautern
après le combat livré dans les bois de Lanstahl ; rentre à Deux-Ponts le 25
îimaire, forte de 2611 hommes ;
• à Albers-Weiler le 25 ventôse
an 4, forte de 3234 hommes ;
• à Strasbourg le 25 floréal pour
faire partie de la 2me division ;
• à Knitelsheim le 25 prairial pour
faire partie de la 5me division.
Elle se rend à Bergsabern où elle s’amalgame
avec la 159me demi-brigade d’Infanterie pour former la 10me demi-brigade d’Infanterie
de Ligne, le 20 pluviôse an 4.
Jean François Noël démissionne et reçoit son
congé militaire définitif le 1er messidor an 4, donné à Didenheim,
Haut-Rhin. Revient à Trévoux ; visa de la municipalité de Trévoux sur son congé,
le 6 îuctidor, de la gendarmerie le 12 îuctidor an 4.
Elève-teneur de livres à Lyon en vendémiaire an 5 (ca 1797)
Elève-teneur de livres à Lyon en vendémiaire
an 5 ; s’installe à l’Ecu de France, 95, rue Lanterne ;
tombe amoureux de Claudine Christophe et
rompt avec sa cousine Alexandrine en brumaire, qui rejoint son père, médecin
militaire à Strasbourg.
Va à Paris chez Jean Marie Cécile Valentin du
Plantier, en brumaire an 5 ; refuse une compagnie dans la garde directoriale.
Revient à l’Ecu de France, Lyon, fin pluviôse an 5. Epouse Claudine Christophe
le 4 pluviôse an 6, enceinte de 3 mois. Devient receveur de la Loterie Nationale.
Son fils Hubert Cécile, dit Jules, naît le 8 messidor an 6.
An 7 : voyage à Dijon ; engage les fonds de
sa femme. Voyage à Paris et retour à Lyon.
Gérant d’un bureau de loterie de vendémiaire
an 8 à îimaire an 9.
îimaire an 10 : s’associe pour un commerce
de soierie ; s’installe en nivôse.
Sa fille Laurence Lucrèce dite Aline naît le
10 pluviôse an 11.
Tombe amoureux de sa belle-fille Laurence
Antoinette Chavance dite Laure : brumaire an 13.
Abandonne le commerce de détail pour celui de la commission début 1806.
Vers 1810, renoue avec sa cousine Alexandrine,
à Strasbourg.
15 novembre 1811-4 janvier 1812 : dernière
maladie de Claudine Christophe.
Nuit du 4 au 5 janvier 1812 : Jean François
devient l’amant de Laure. Voit sa mère à Trévoux
vers le 10 janvier. A son retour, couche dans la même chambre que Laure : 1ères
relations sexuelles.
9 mars 1812 : conseil de famille devant le juge
de paix du 4me arrondissement de Lyon. Vente de l’Ecu de France à Jean Marcel,
en mai 1812 ; en part début août et s’installe rue des Deux Angles, Lyon.
Emprunt de son beau-îère Denis Jomain : décembre
1812-janvier 1813. Jugement en mars 1813. Août : sa mère le quitte et revient
à Trévoux ; rappel de Laure. Dissolution de la société : 1er décembre,
avec effet au 31 janvier 1814.
Siège de Lyon : 1er février-19 mars 1814
Siège de Lyon : 1er février-19 mars
1814. Nommé capitaine au 2me bataillon du Rhône ; habite 6, rue Royale, Lyon.
19 mars-9 mai : retraite vers le Sud de la France. Retour à Lyon le 15 mai 1814.
Les Autrichiens partent fin mai. Son fils Hubert meurt le 30 mai à Lyon ; enterré
à Loyasse.
Décembre 1814 : voyage à Paris. 20 mars 1815
: assiste à l’arrivée de Napoléon 1er à Paris. Revient à Lyon fin
avril 1815. Nommé chef de bataillon, commandant le 9me bataillon de la garde
nationale active du Rhône, le 6 mai 1815. Démissionne le 22 juin pour redevenir
simple grenadier. Malade en 1815.
Sa mère meurt à Trévoux le 10 décembre 1815.
Fin 1816 : reçoit 20.000 f. par testament de
son oncle Valentin du Plantier, réduit à 17.000 f. après le payement des dettes
familiales. Habite 16, rue des Capucins, Lyon.
31 mars-26 avril 1817 : s’installe chez Denis
Jomain, 23, rue des Deux Ecus, Paris ; puis visite sa cousine Alexandrine à
Strasbourg. Retour à Lyon vers le 3 mai.
10-31 mai : 1ère crise d’aliénation
mentale, à Lyon.
11 mai : décès de sa belle-mère Laurence Garçon,
enterrée le 12 à Loyasse, Lyon. Vente mobilière : 18-20 juin ; altercation avec
Denis Jomain, son beau-îère. 21 juin : service des 40 jours. Août : voyage
à Saint-Etienne, Loire, puis à Paris. Septembre : voit Alexandrine à Dommartin
le Franc, Haute-Marne. Octobre : habite Lyon, 16, rue des Capucins.
Eté 1818 : vacances à Chazey d’Azergues, Rhône.
Partage héritiers Laurence Garçon Vve Pellerin : Lecourt-Lyon-29 septembre 1818.
Habite 23, rue des Capucins, Lyon.
21 juin-22 septembre 1819 : s’installe chez
Denis Jomain, Hôtel de Rennes, Paris. 1er octobre : vit 28, rue Richelieu,
Paris ; ouvre le 15 un commerce de soierie de détail et de demi-gros. Fin décembre
: cessation de commerce. 21 mars 1820 : jugement du tribunal de Commerce de
Paris en sa faveur. Vers le 5 avril : s’installe 9, rue du Caire, Paris.
Février 1821 : prend pension chez son père,
à Chante-Grillet, chemin d’Arras, Trévoux. 4-5 mai : voyage à Lyon ; 2me crise
d’aliénation ; 6 mai : saignée à Trévoux. Juin : donne congé de son appartement
à Paris ; s’installe quai du Rhône, Lyon, vers le 25. Juillet : instruction
du procès en parenté contre Alphonse Valentin du Plantier, au tribunal de Trévoux.
Janvier 1822 : Laure part à Paris, fait la
connaissance du Docteur Mousque et devient sa maîtresse avant juin.
22 juin : J.-F. Noël résilie son bail et s’installe chez son père. Juillet :
voyage à Bottens, Suisse. 22 août : jugement du tribunal de Trévoux en faveur
de son cousin Valentin du Plantier. Rencontre Mousque vers octobre.
Juillet 1823 : mission à Trévoux.
8 février 1826 : la Cour d’Appel de Lyon confirme
le jugement du tribunal de Trévoux en faveur de son cousin Alphonse Valentin
du Plantier.
Mars : Antoine Eric Roulliet demande Aline
en mariage.
Decomberousse-Lyon-7 août 1826 : transaction
avec son cousin Valentin du Plantier. 30 août : mariage d’Aline et d’Antoine
Eric, à Trévoux. Septembre : J.-F. Noël s’installe chez le Docteur Mousque,
à Paris.
Mars 1827 : revient chez son père , à Trévoux.
Tavernier-Lyon-1er août 1827 : reçoit la nue-propriété de Chante-Grillet,
chemin d’Arras, Trévoux, de son père.
Début novembre 1827 : passe 15 jours chez Aline,
à La Croix Rousse, Rhône. 20 novembre : départ pour Paris, habite chez le docteur
Mousque.
Mai 1828 : surnuméraire dans une entreprise
de messagerie ; tombe malade. Beccat-Trévoux-29 juillet 1828 : hypothèque de
Robert Gaspard Noël contre son fils J.-F. Guifîey-Paris-17 et 18 novembre 1828
: reconnaissance de dettes vis-à-vis de Laure Chavance. 19 novembre : revient
à Lyon chez Aline et Eric Roulliet ; loge 6, rue Saint-Polycarpe.
Mars 1829 : début de la maladie d’Antoine Eric
Roulliet ; tient les livres auxiliaires du commerce depuis février. Fin juin
: Amaranthe Roulliet s’installe chez son îère Antoine Eric. Vers le 15 septembre
:J.-F. Noël prélève de l’argent dans la caisse des ouvriers. Octobre : projet
d’association avec Auguste Gautier, l’associé d’Antoine Eric, puis avec les
2 commis. 7 octobre : Antoine Eric meurt. 15 octobre : conduit Aline
chez son père, à Trévoux. Décembre : voyage d’Aline chez son beau-père Nicolas
Amaranthe Roulliet, à Malpas, Cne de Chavanay, Loire ; réduit aux expédients,
J.-F. se retire chez Mr Péaud, à Saint-Cyr au Mont d’Or, Rhône ; revient à Lyon
en janvier 1830.
1er essai de retour à la religion
de ses ancêtres : novembre 1829-janvier 1830. Mardi à janvier 1830 : retour
chez son père, à Trévoux. 16 août : part pour Paris et s’installe chez le Docteur
Mousque. Projet d’hôtel garni avec Laure et Aline : échec en novembre, mais
doit garder 15 jours l’Hôtel d’Athènes, rue Neuve Saint-Roch en novembre-décembre.
Se brouille avec Laure : 15 décembre 1830-1er janvier 1831. S’installe
chez Aline et Amaranthe, 23, rue de la Fidélité, Paris.
Début février 1831 : nommé directeur de l’abattoir
du Roule ; sans suite. Octobre : retourne chez son père, à Trévoux.
Janvier 1833 : proposition de travailler comme
inspecteur à la fonderie anglaise de Charenton-le-Pont, Val de Marne. 2 février
: 1ère visite ; 4 : installation définitive. Fin avril : 1ers symptômes
de faillite de la Société. Mai : commence la rédaction de ses mémoires. 20 juin
: dépôt de bilan de la Société. 23 juin : réunion de famille Noël-Roulliet à
la fonderie. 25 juin : déclaration de faillite. Fin juin : reproche à Aline
sa cohabitation avec son beau-îère Amaranthe. Juillet : nommé garde des scellés.
Août : reçoit son salaire mensuel de juin et de juillet.
Hiver 1833-1834 : inventaire de l’usine ;
passe ses soirées avec la famille Pincemaille de Laulnoy. Septembre 1834 : voit
Laure chez Mme de Boigne.
Hiver 1834-1835 : s’installe au coin du feu,
dans son appartement de fonction, à Charenton-le-Pont, et reprend sérieusement
la rédaction de ses mémoires du 12 novembre 1834 au 18 avril 1835. Janvier 1835
: pétition à Jules Pasquier pour un emploi dans l’administration des Tabacs.
Visites de Laure entre mai et décembre 1835.
Janvier 1836 : Laure lui présente Jean Baptiste
Antoine Dechazelles, dit de Chazelles, ancien camarade de son fils Jules. Reprend
la rédaction de ses mémoires le 16 avril 1836. Dessaignes-Paris-25 mai 1836
: procuration de J.-F. Noël. 5 juin : son père meurt à Chante-Grillet, chemin
d’Arras, Trévoux ; accepte sa succession sous bénéfice d’inventaire. Affaire
Laforest. 27 juin : 1ère visite au curé de Maisons-Alfort ; 2me
conversion. 4 juillet : 2me visite ; confession générale. Juillet
: lettres d’Aline et d’Amaranthe Roulliet sur la vente de Chante-Grillet, Trévoux.
6 et 9 juillet : vente judiciaire de la fonderie anglaise de Charenton-le-Pont,
au tribunal de Paris. 14 juillet : communion. 16 : messe à Saint-Sulpice, Paris
; 3me crise d’aliénation. 17 : revient à Paris, visite au curé de Maisons-Alfort.
18 : visite du médecin. 19 : saignée prévue ; va à Paris. 20 : saignée par le
Docteur Ramond ; journée agitée ; attend Laure.
21 juillet-13 août : hospitalisation à la Maison
Royale de Santé de Charenton Saint-Maurice, actuel hôpital Esquirol.
18 novembre : audience du tribunal civil de
Trévoux pour le payement de Laforest. 24 novembre : arrête d’écrire ses mémoires.
Début décembre 1836-janvier 1842 : dépression
nerveuse, que Laure appelle catalepsie. D’août 1836 à mai 1837 : vit avec Laure
à la fonderie de Charenton-le-Pont.
Février 1837 : Charles Hamond devient directeur
de la fonderie. J.-F. Noël passe d’inspecteur à l’appel des ouvrier. 1er
mai : renvoyé de la Compagnie. 15 mai : s’installe à Paris ; fait des copies
de mémoires d’architecte. 17 août : Jean Baptiste Antoine de Chazelles l’engage
comme régisseur de la terre du Vert Galant, 1, rue Fénelon, Vaujours, S et O.
Vente de Chante-Grillet : Raffin-Trévoux-25 septembre 1837.
Janvier 1838 : va à Paris faire ses adieux à
Laure, qui part pour Londres. Dessaignes-Paris-7 février, 10 et 25 avril 1838
: transaction pour le compte de tutelle. Mai : vente du Vert Galant ; De Chazelles
lui propose de venir à la Barre, Cne de Livry, Nièvre, où il s’installe. Acceptation.
25-28 juin : voit Aline à Paris ; sa dépression nerveuse s’intensifie. 2-5 juillet
: attend de Chazelles à Saint-Pierre le Moutier, Nièvre. 6 juillet : s’installe
à la Barre.
Juillet 1838-janvier 1840 : catalepsie irrégulière,
n’écrit plus à ses enfants.
10 février 1840 : passage de Laure à la Barre,
avant son départ pour la Grèce. Mars : lettre de Laure datée d’Athènes ; crise
de dépression. Début 1841 : reste à la Barre sans rien faire ; de Chazelles
met son domaine en ferme.
1er janvier 1842 : désire se retirer
à Paris, près d’Aline ; constate qu’il va mieux. Février : voyages à Nevers.
28 février-15 mars voyage à Lyon, puis à Trévoux ; voit son oncle Valentin des
Mures, Raffin, notaire à Trévoux ; 3me conversion. 15 mars : de retour à la
Barre. 21 mars : part de la Barre ; arrive à Paris le 22, loge chez Aline.
Avril : s’installe à Charenton-le-Pont, prêt
à Amaranthe ; 1ères démarches pour recevoir la Légion d’Honneur. 19 avril :
voit son petit-fils Jules vivant pour la dernière fois. 21 : revient à Paris
après le décès. 25 avril-5 mai : reçoit Amaranthe et Aline Roulliet chez lui,
à Charenton-le-Pont.
6 juin : comptable chez un marchand de lithographies,
à Paris. 25 : reprend la rédaction de ses mémoires, à Paris. 15 juillet : s’enrhume
dans le magasin ; vers le 28, quitte le magasin de lithographies.
Juillet : de Chazelles lui propose une place
de régisseur chez Henri François Marie, comte de Pons. 31 : part de Paris. 2
août : arrive à la Barre, Cne de Livry, Nièvre. 10 août : reprend ses mémoires.
2 septembre : part avec de Pons pour le château de Beffes, Cher ; s’arrête à
Nevers. Est témoin des 2 décès dans la famille Prou-de La Maisonfort : 4 et
7 septembre, à Beffes. Arrive le 12 à Berthun, Cne de Patinges, depuis Torteron,
Cher.
23 février-7 mai 1843 : nouvelles pétitions
pour obtenir la Légion d’Honneur. Fin avril : projette de s’installer à Neuville
les Dames, Ain ; voyage à Nevers pour demander à l’évêque d’entrer dans la cléricature.
Début mai : écrit à des amis de Lyon pour y trouver un emploi ; décide de quitter
Berthun pour l’automne. 8-10 juin : voyage à Bourges, Cher. 15 juin : arrête
brusquement ses mémoires.
Automne 1843 : s’installe à Neuville les Dames,
Ain. 11 mars 1844 : dernière pétition pour obtenir la Légion d’Honneur ; 28
mai : dernier refus ; répond le 31.
Entre le 30 juin 1845 à l’Antiquaille, Lyon,
en vertu d’un ordre d’urgence du Maire de Lyon, du 30 juin 1845. Meurt le 6
juillet à 18 h. Maintenu à l’hospice comme aliéné, au compte de la famille par
Arrêt du Préfet du 7 juillet 1845. Enterré à Loyasse, Lyon.
2
Reconstitution de carrière
Septembre 1790-juillet 1791 : commis drapier
à Lyon.
22 novembre 1791-1er messidor an
4 : militaire.
Vendémiaire à brumaire an 5 : élève teneur de
livres à Lyon.
Pluviôse an 6 à îimaire an 9 : receveur, puis
gérant d’un bureau de la Loterie Nationale.
îimaire an 10-31 janvier 1814 : commerce de
soierie à Lyon.
15 octobre-31 décembre 1819 : commerce de soierie
à Paris.
Mai 1828 : surnuméraire dans une entreprise
de messagerie à Paris.
Février-8 octobre 1829 : tient les livres auxiliaires
du commerce d’Antoine Eric Roulliet, son gendre.
4 février 1833-1er mai 1837 : inspecteur,
puis responsable de l’appel des ouvriers à la fonderie de Charenton-le-Pont,
Val de Marne.
15-31 mai 1837 : copieur de mémoires d’architecte,
à Paris.
17 août 1837-28 juin 1838 : régisseur de la
terre du Vert Galant, 1, rue Fénelon, Cne de Vaujours, S et O.
6 juillet 1838-février 1841 : régisseur de la
terre de la Barre, Cne de Livry, Nièvre.
6 juin-28 juillet 1842 : comptable chez un marchand
de lithographies, à Paris.
12 septembre 1842-automne 1843 : régisseur de
la terre de Berthun, Cne de Torteron, Cher.
3
Rédaction des Mémoires.
Mai 1833 : Charenton-le-Pont, Val de Marne.
12 novembre 1834-avril 1835 : Charenton-le-Pont.
Voir 20 mars 1835 pour l’explication de cet arrêt.
16 avril-24 novembre 1836 : Charenton-le-Pont.
25 juin 1842 : Paris. Explique son arrêt de
6 ans.
10 août-1er septembre 1842 : La Barre,
Cne de Livry, Nièvre.
12 octobre 1842-15 juin 1843 : Berthun, Cne
de Torteron, Cher.
4 Transcription des Mémoires
Jean François Noël écrit d’un jet, sans brouillon,
se relit, mais corrige peu son texte : suppression des redites, correction de
mots employés plusieurs fois dans la même phrase pour les remplacer par des
synonymes.
Sa mémoire lui permet de faire peu d’erreur
de nom propre : toponyme et anthroponyme. Mais il cite souvent les 3 ou 4 1ères
lettres du nom ; à l’éditeur de restituer.
Le texte est donc publié comme suit :
• restitution des noms en caractère
identique au texte des Mémoires et introduction des noms en italique pour les
allusions.
• restitution de l’orthographe d’usage,
adoptée par l’Académie Française au XIXe s.
5 Méthode historique
L’éditeur explique les faits, sans appréciation.
Un exemple type est le jugement en filiation contre Alphonse Valentin du Plantier
:
• présentation des faits par Jean
François Noël,
• plaidoiries des avocats : annexes
16 et 17,
• jugement de la cour d’Appel de
Lyon : annexe 18.
L’éditeur présente et le lecteur comprend si
faire se peut.
II
Caractère et personnalité
2 sources permettent de découvrir sa personnalité
:
• subjective : ce que Jean François
Noël écrit sur lui-même dans ses Mémoires et dans ses lettres ;
• plus objective : ce que son écriture
révèle.
1 Mémoires et lettres
Sincère avec lui-même et avec les autres, il
déclare se présenter tel qu’il est à sa famille, à ses intimes, à l’exclusion
de tout autre. Amateur du beau sexe dès 11 ans, sans doute plus en parole qu’en
acte, car il aime la conversation des femmes intelligentes et reproche à son
père de n’en jouir que physiquement ; mais à l’exception de ses 2 aventures
avec des prostituées, ses seules relations sexuelles extra-conjugales, il les
eut avec sa belle-fille Laure de 1812 à 1820.
Intelligent mais paresseux, il déclare avoir
une profonde aversion pour le travail et un goût du luxe très prononcé. Timide,
mais énergique et actif en paroles. Un homme de devoir, voire rigide dans ses
principes. Parle toujours de ses amis, mais cite rarement leur nom, ce qu’il
fit avec eux ; en fait un homme qui préfère la solitude au contact humain direct
avec l’inconnu, l’étranger ; d’où son amour pour l’écriture : lettres et mémoires.
Il se reconnaît sans beaucoup de volonté, sans
aisance de manière, sans brillant dans la conversation. Et pourtant sa précision
des faits rapportés, ses analyses de caractères sont souvent confirmés par d’autres
sources historiques. Inconsciemment il joue à cache-cache avec la vie et présente
les personnes éclairées de son propre désir. Ses oublis le révèlent : peu de
détails sur la famille de sa tante Gouvion, dont le fils est médecin et le gendre
baron d’Empire ; presque rien sur les parents de sa femme Claudine et de son
1er mari, tous petits artisans ; les déboires qu’il eut avec ses
2 gendres Antoine Eric et Amaranthe Roulliet, lui font oublier le reste de cette
famille bourgeoise lyonnaise en pleine décadence sociale. De ses intimes, la
famille Beaujai est celle qu’il montre le mieux ; mais celle des Dechazelles
ou de Chazelles se réduit à Jean Baptiste Antoine, alors qu’il dut connaître
sa sur Jeanne Marie et son beau-îère Joseph Cognet qui travailla avec Michel
Beaujai au Mont de Piété de Lyon. Ses Mémoires se présentent comme une suite
de victoires à la Pyrrhus qui flattent les gagnants et rejettent les perdants,
jusqu’à se rendre compte qu’il ne pourra jamais gagner et mourir.
La rigidité de sa personnalité se traduit au
niveau de son comportement :
• carrière. Alors que ses camarades
militaires obtiennent assez vite leurs grades, il a du mal à se faire élire
lieutenant. Sa volonté de conquérir s’oppose à la prudence de ses chefs qui
le maintiennent en réserve ; officier du pouvoir exécutif, ses supérieurs le
placent dans un bataillon de combat à l’arrière. Ses affaires commerciales lui
coûtèrent une fortune : il vit chez sa belle-mère, puis chez son père, enfin
chez sa fille et chez Mrs de Chazelles et de Pons qui le recueillent par bienveillance.
• opinion religieuse. Il s’attache
à la religion de ses pères, mais se préoccupe plus d’une certaine morale chrétienne
qu’il conteste en partie lors de la mission de 1823 à Trévoux, que de la mort
et de la résurrection de Jésus Christ sur lesquelles reposent la foi chrétienne.
• opinion politique. Le citoyen
doit obéir à la loi ; d’où sa condamnation sans réserve de la monarchie absolue
et de la Révolution, et son adhésion à la monarchie constitutionnelle. Pour
cette raison, il prévoit la chute de Louis Philippe dès 1835.
En un mot, il est tout le contraire d’un esprit
fort, rebelle, insoumis. Son libéralisme est en fait une forme de légalisme
déguisé et cache une anxiété due à l’instabilité de ses désirs : il se laisse
mener plus qu’il ne mène. D’où ses échecs, malgré sa mémoire, son intelligence
et sa bonne formation intellectuelle dans les collèges de Trévoux, de Thoissey
et de Bourg en Bresse.
La précision maniaque du détail cache une peur
de la vie et la rigidité de sa personnalité une anxiété structurelle. 2 épisodes
de son enfance en apportent la contre preuve :
• le départ de son père avec sa
maîtresse, Mme Eustache, à Château Salé, Cne d’Antibes, Alpes Maritimes. Cette
rupture du lien familial le renvoie vers sa mère, qu’il n’aime pas, alors qu’il
recherche aide et protection ou mise en valeur du côté de son père.
• la tentative de relations homosexuelles
de son oncle Jean Marie Cécile Valentin du Plantier. La scène doit se lire à
l’envers : il projette son phantasme homosexuel sur son oncle qu’il déteste
pour sa réussite sociale due à sa valeur personnelle.
Coureur de fonds et de jupons, il le fut pour
se montrer qu’il pouvait courir, mais les fonds et les jupons lui échappèrent
toujours.
2 Ecriture.
L’analyse graphologique montre que sa personnalité
se caractérise par l’association de 4 traits dominants :
• orgueil ou inflation du moi. Gonflement
des majuscules, importance des prolongements en hauteur, surélévation.
• méfiance et agressivité. Une pression
forte avec des spasmes, des traits coupants, des lancements dans la barre du
T ; ces traits se prolongent dans les hampes et dans les jambes qui obturent
et envahissent l’espace graphique des liaisons. Une écriture anguleuse, serrée,
conventionnelle, propre à la libido anale.
• rigidité psychique. Il se construit
un système de défense, sans remise en question possible. Rigidité des lignes,
parallélisme ; écriture compacte, serrée, impénétrable, avec respect de la marge.
• fausseté du jugement. Manque d’aération,
enchevêtrement des lettres, jambages différenciés et coincés. Disproportion
des lettres dans un même mot, gonflées, amplifiées, très structurées.
A ces 4 traits de base s’ajoutent certains détails
:
• volonté forte et tendue. Pression
appuyée, écriture avec des pointes anguleuses et tendues.
• construction du jugement avec
amour du travail bien fait et minutie de conception et d’exécution. Ecriture
précise, appliquée, conventionnelle avec une primauté de la forme. Ecriture
groupée tenant la ligne de base.
• besoin de se raccrocher à son
histoire personnelle, en oubliant volontiers l’histoire et celle de ceux qui
l’entourent. Beaucoup de retours en arrière dans les prolongements hauts et
bas, des rétrécissements, des marges rigides.
• identification à un idéal qu’il
n’arrive pas ou ne souhaite pas atteindre. Des surélévation, des prolongements
vers le haut. Une écriture verticale sans souplesse, sans mouvement, qui n’avance
pas. Mouvement retenu.
3 Mémoires et écriture
Ces 2 sources révèlent une personnalité complexe
par sa construction et par son maintien, mais aussi par sa Fragilité et par
ses incertitudes ; une personnalité en proie à des tiraillements, à des tendances
qu’elle voudrait canaliser en les soumettant à une structure prétendue objective,
mais de fait résultante de ses propres désirs.
Son intelligence se caractérise par son don
de l’observation. Il a le sens du détail, de la minutie. D’où le travail long,
mais facile pour situer l’environnement des 4 parties de sa vie : militaire,
commerciale, industrielle et agricole. Il se concentre et approfondit ce
qui l’intéresse plus particulièrement. Dans ses démarches, il regarde, examine
tout avec attention. Ayant pris connaissance de ce qu’il va faire, il suit un
raisonnement logique, construit. Son cheminement intellectuel est le même, assez
rigide et admet peu la contradiction. Sur tout il a un avis, mais ses jugements
manquent ainsi de clarté, de lucidité et n’admettent ni souplesse ni mobilité
; ils s’étayent mal et ne cernent pas toujours la vérité des motifs. Si le raisonnement
logique peut être juste, les prémisses sont souvent fausses.
Le chemin tracé, il refoule toute intuition,
car l’imprévu le dérange. Son raisonnement est structuré, construit suivant
le même itinéraire. Dans cette régularité, il trouve un cadre, un support et
donc une sécurité, même si dans son texte se glisse un certain sens critique
systématique, qui traduit son manque de souplesse et d’adaptabilité. Les dates
de rédaction de ses mémoires sont typiques à ce sujet : il les rédige à Charenton-le-Pont,
à la Barre et à Berthun alors qu’il a une sinécure stable.
Homme aux idées précises, il défend ses opinions.
Son argumentation s’étaie de détails et évite la remise en cause. Se croyant
bien fixé sur ce qu’il pense, il se montre rigide dans ses prises de position
et manque d’ouverture à autrui. Respectueux des conventions sociales, soucieux
du savoir-vivre, il peut manquer de discernement dans leur application et faire
preuve d’obstination incongrue. En fait, sa nature a du mal à les assimiler
et à les accepter.
Il possède donc des qualités intellectuelles
dotées de faculté d’analyse, de rigueur, qu’il ne sait ou ne peut exploiter
à fond, les enfermant dans un système psychologique rigide, presque indépendant
de son éducation.
Courtois et poli dans son expression et dans
son maintien, il a le souci de la représentation, désire paraître et se montre
d’une grande amabilité. Il aime faire bonne figure et donner une bonne impression
de lui ; mais en fait il garde toujours ses distances et peut paraître un rien
méprisant. Ses réactions surprennent ses parents et amis, car elles peuvent
être agressives et dénoter une forte susceptibilité. Ainsi, il étonne par cette
image inhabituelle qu’il donne de lui.
Les trahisons de ses Mémoires et la graphologie
expliquent son comportement.
Sous cette apparence de stabilité, de fermeté,
se cache un instable et un Fragile, comme le prouve sa carrière. En effet, c’est
un sensible, émotif, nerveux, qui manque de confiance en lui. S’il contrôle
ses émotions, ses sentiments, ses tendances homosexuelles, ne se dévoile pas
et s’exprime peu, c’est qu’il se protège, se défend et se sécurise derrière
une certaine carapace : il préfère son père, mais va chez sa mère, parce que
l’amour maternel est mieux considéré que le paternel. En fait son histoire lui
reste à la gorge et il veut l’exorciser en rédigeant ses mémoires. Devant sa
feuille, il reste seul et vit replier sur lui-même comme il l’explique le 20
mars 1835, lorsqu’il reprend ses mémoires le 12 novembre 1834. Aussi adopta-t-il
ce mode de vie et une routine qui le rassurent à Charenton-le-Pont et à Livry.
Il communique difficilement avec ses semblables,
car ses contacts manquent de chaleur et de spontanéité. Il en a besoin, mais
il ne sait pas les atteindre : soit il se montre exigeant, possessif et dépendant,
soit distant, peu réceptif, voire méfiant en diable. Ses réactions sont donc
inattendues et surprennent : dans un temps assez court, il peut exploser violemment
sans raison et devenir agressif, puis redevenir un parfait homme du monde poli
et aimable ; en fait il s’auto-défend : il redoute que l’autre empiète sur ses
plates-bandes, perce sa carapace et démolisse sa construction personnelle.
Il redoute le manque. D’où son goût de l’argent,
de tout ce qui a de la valeur et se conserve, comme les archives familiales.
Les annexes de cette étude proviennent pour les ¾ de notes qu’il recopia pour
se prouver qu’il avait raison. Il a besoin de posséder, de gérer, de compter.
Il est ladre par peur de manquer. Comme il peut rarement satisfaire ses ambitions,
il garde ce qu’il possède, car il ne peut acquérir autant qu’il le désire :
il y a un fossé inFranchissable entre son désir et ses réalisations. Son caractère
complexe est donc fait de doutes, d’inhibitions, de façade derrière laquelle
il se cache, se sécurise et qui reste malgré tout précaire.
Dès qu’il a une activité régulière, précise,
avec des intérêts matériels, il s’épanouit. Elle lui permet de s’y adonner avec
ténacité, fermeté, voire même avec acharnement et entêtement. Il est un homme
du devoir qui a le souci des nuances, du travail bien fait, de la perfection.
Il est exigeant sur la qualité. Avant d’agir il peut réfléchir longuement, car
il est prudent, voire anxieux ; il prend le moins de risque possible et modère
ses initiatives. Il cherche à prévoir chaque détail pour éviter l’improviste,
mais manque de recul, de hauteur de vue, de sens prévisionnel. Il a une approche
analytique plus que synthétique. Lorsque son action le motive, il se montre
ferme, précis face à ses interlocuteurs ; il a l’autorité de sa fonction, du
rôle qu’il veut jouer. Ses convictions manquent de souplesse et n’admettent
pas la contradiction, car cela remettrait en cause son système. Il sermonne
Aline parce qu’elle vit maritalement avec son beau-îère Amaranthe, mais saute
sa belle-fille Laure dès la mort de sa femme.
Un homme qui peut être compétent dans son domaine,
un sous-ordre qui aime bien exécuter le travail qu’il reçoit : gérer, vérifier,
contrôler, justifier ce qu’il fait ; mais incapable de concevoir, d’analyser.
Un cul de plomb, un rond de cuir, un fonctionnaire. Un Français.
Ses ambitions sont grandes ; il a la folie des
grandeurs. C’est un paranoïaque mythomane. Il a du mal à réaliser ses désirs
et ne veut pas que cela se sache ; c’est pourquoi il se cache derrière un masque.
Ses Mémoires font croire qu’il sut tout au long
de sa vie paraître tel qu’il désirait être vu, grâce à la construction personnelle
qu’il s’imposa. Reste qu’il manque le jugement d’un contemporain sur ce masque,
même si les lettres de sa fille Aline laissent supposer que sa famille n’était
pas dupe.
Il ne se laisse pas aller et s’impose cette
routine qui le rassure. C’est un homme seul, replié sur lui-même, qui communique
difficilement ; un homme de grandes compétences, mais qui ne sut les mettre
en valeur par manque de souplesse et d’adaptabilité ; un homme ambitieux qui
ne put se donner les moyens de sa réussite.
Surestimation pathologique du moi qui devient
le centre du monde par hypertrophie du narcissisme ; un bon brin d’orgueil,
une suffisance certaine ; mégalomanie ; son omniscience entraîne par contrepoint
une sous-estimation, une dévalorisation, voire le mépris d’autrui ; son intransigeance
quasi absolue supporte mal la construction ; cette disparition de toute autocritique
confère à ses actes, à ses pensées et à ses Mémoires une psychorigidité caractéristique,
alliée avec un certain autoritarisme tyrannique et une étonnante intolérance
aux autres, faite de mauvaise foi et de susceptibilité maladive, de méfiance
systématique ; la moindre contestation devient un crime de lèse-majesté, sinon
une conjuration. En fait, pratiquement Jean François Noël a toujours raison.
En décortiquant ainsi sa personnalité s’expliquent
ses crises de mélancolie (dépression nerveuse), sorte de désir exclusif avec
abattement, morosité et penchant au désespoir, où , hors de tout contrôle, il
laisse libre cours à ses pulsions, son masque rompu. Voir la scène dans l’église
de Saint-Sulpice, à Paris. Tant qu’il put maintenir son équilibre et son système
de vie, il conserva cette protection rigide et s’enferma dans son monde. Sa
mort aussi rapide qu’imprévue à Lyon s’explique par un phénomène de décompensation
: la prise de conscience de l’échec de ses ambitions anéantit sa force vitale.
Sa mort doit se comprendre comme le masque éternel de son désir et de son inaction.
B. Noël Laurence Lucrèce, dite Aline.
Née le 10 pluviôse an 11, à Lyon-Nord, baptisée
le 11 à Saint-Pierre de Lyon. Fille de Jean François et de Claudine Christophe
Ve Antoine Chavance. Ép. Antoine Eric Roulliet, le 30 août 1826 à
Trévoux, Ain, et Pierre Nicolas Amaranthe Roulliet, le 13 mars 1834 à Paris
5e. Meurt le 7 fév. 1877 à Paris 10e, 104, rue Lafayette.
Enterrée au cimetière du Nord-Montmartre, Paris, Annexe 37.
Contrat de mariage : Tavernier-Lyon-18 août
1826.
Renonciation à la succession d’Antoine Eric
Roulliet : Tribunal de Lyon-15 fév. 1830.
Renonciation à la donation en usuîuit : Tavernier-Lyon-2
avril 1830.
Compte de tutelle : Dessaignes-Paris-7 fév.,
10 et 25 avril 1838.