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			Extracts of the diary of Daniel de Corberon.  
			12-26 août 1775
			
  Samedi 
			12. Jusqu'au 26. 
			
  Nous 
			sommes arrivés à moscou à 10. heures et demie du soir  , 
			après avoir fait un tour immense dans cette diable de ville qui ne finit 
			pas, et qui au clair de lune m'a paru fort laide ; je doute que le jour 
			l'embellisse !... Notre entrée chez M. Durand a été îoide, je crois 
			qu'il s'est ennuyé d'attendre M. de Juigné, et comme celui-ci n'est 
			ni chaud ni entrant,  nos 
			deux ministres au bout d'un quart d'heure n'avaient déjà plus rien à 
			se dire  , 
			lorsque le souper est venu au secours de leur entretien et de notre 
			faim qui était extrême. Le souper fini on a parlé de se coucher, et 
			nous avons été bien surpris Puységur et moi quand nous avons appris 
			que notre logement était à 3. ou 4. verstes ;  la 
			voiture nous y a conduits ainsi que les gens de M. Durand, et nous sommes 
			arrivés dans un grand cabaret, tripot, &c. où n'avons trouvé pas un 
			seul lit.  C'est 
			un nommé Dauphiné qui tient cette manière d'auberge  , 
			et qui par grâce nous fit avoir des matelas sur un desquels je me suis 
			étendu habillé. J'étais assez accoutumé à cette manière de lit, mais 
			je ne m'attendais pas que M. de Juigné porta si loin l'oubli. Il eut 
			été de l'honnêteté de songer aux choses qui nous manquaient, ou du moins 
			de nous dire un mot là-dessus, c'est là ce que j'appelle de la politesse, 
			et non la simagrée de vous faire passer le 1er 
			dans une porte chose à laquelle M. de Juigné ne manque pas ; mais quand 
			il est question d'avoir un lit, il vous répond avec finesse : A l'armée 
			on n'est pas si bien ! Depuis mon arrivée ici, j'ai eu peu de temps pour examiner les différentes 
			person
  nes 
			que j'ai vues.  M. 
			Durand est la première ; il m'a paru fin, observateur, du coup d'œil 
			le plus sûr ; et je serais bien surpris s'il n'avait pas jugé déjà le 
			Mis de Juigné  .  Son 
			secrétaire Malveau ne manque pas d'esprit ; il a de la vanité sous un 
			extérieur îoid et honnête qui voudrait aussi être fin ; mais je n'aime 
			point l'impression de fatuité répandue sur tout ce qu'il dit. Il se 
			prétend secrétaire de légation ce qui n'est pas  . 
			Nous avons vu à dîner  un 
			Pce adoeffskoy 
			qui, comme la plupart des Russes, a l'air engageant et officieux ; au 
			fond c'est un homme léger, faux, et peu estimé. Il est propriétaire 
			de la maison de M. Durand qui va devenir celle de M. de Juigné  . 
			Il est venu avec  M. 
			Roslin Français  , 
			gouverneur des pages quoiqu'il ne sache pas parler sa langue. C'est 
			un homme qu'on plaisante ; il est joueur et bavard. On prétend qu'il 
			est venu ici pour être cuisinier ; au surplus depuis 30. ans qu'il y 
			est, il paraît y [avoir]  eu 
			une bonne conduite, et la fortune qu'il a faite le prouve ; sans être 
			brillante, elle lui a procuré une existence douce et agréable.  M. 
			de Solms envoyé de Prusse est un des premiers ministres étrangers que 
			j'ai vu  . 
			Il a l'air îoid et simple, mais il a beaucoup de finesse, et depuis 
			15. ans qu'il est ici il a attrapé un peu de la langue du pays, ce qui 
			lui donne sans doute, plus de facilité pour s'introduire dans les cercles 
			différents. Il est décoré de l'ordre de l'aigle noir de Prusse, et de 
			l'ordre de S. Alexandre de Russie. Un homme charmant qui ne reste que 
			fort peu de temps ici,  c'est 
			le grand-général de la Pologne Le Cte 
			Branicki  . 
			Il a la plus aimable tournure, parlant filles, plaisir et affaires avec 
			toute l'aisance d'un Français qui a de l'usage du monde ; c'est de ces 
			aimables roués qu'on estime tant dans le monde !... Le Cte 
			Branicky est venu à cette cour pour y négocier quelques affaires, j'imagine 
			qu'il s'en tirera bien ; c'est un hom  me 
			fait pour ce pays-ci. Il a avec lui un garçon de mérite qui s'appelle. 
			Les divertissements 
			publics ne sont pas nombreux dans cette ville, 
			
			
			 il 
			y a un Opéra-Comique qui ne vaut pas grand-chose. La salle est assez 
			bien ; j'ai été voir Julie qui n'a pas été trop bien rendu  . 
			Il y a un nommé Dugué qui a du talent, ainsi que Mde 
			de foix avec qui il vit ; ils ont joué l'un et l'autre à Bruxelles.
			Hors ces deux acteurs il y a bien peu de talent ; c'est ce qu'on 
			reproche à Mde
			Pincemaille qui du reste est grande 
			jeune et jolie.  Le 
			lendemain ou le surlendemain il y a eu Wauxhall, j'y ai été  . 
			C'est un grand jardin qui appartient à un seigneur qui le loue au propriétaire 
			du Wauxhall, cette promenade est terminée par un étang sur lequel il 
			y a de la musique. Dans plusieurs bosquets il y a de petits concerts, 
			un entre autres formé par la réunion de plusieurs instruments à vent 
			dont chacun ne fournit qu'un ton. C'est comme  un 
			orgue démembré, et cela ressemble assez à ceux dont les Savoiards jouent 
			le soir dans les rues de paris avec la lanterne magique. Le jardin est 
			illuminé de lampions quand le jour tombe, et l'on trouve de grands appartements 
			en haut, où l'on danse et l'on joue ; il en coûte un rouble pour entrer 
			dans ce Wauxhall qui dure jusqu'à deux heures du matin.    J'ai 
			fait connaissance avec le Cte 
			de Lacy ministre d'Espagne homme d'esprit, et d'une tournure fort noble. 
			J'ai dîné chez lui dimanche 20.    et  nous 
			avons été l'après-dîner voir manœuvrer un regt 
			de houzards commandé par M. Potemkin. Les chevaux de ce régiment sont 
			de l'Ukraine, ils sont petits, mais vigoureux et assez vites, et en 
			général cette troupe a bien manœuvré  . 
			Il y a un chevalier 
			de Portalis provençal qui est fort entrant ; il est venu me voir. Je 
			n'y étais pas. J'ignore qui il est.
			  
			Les vilainies de M. 
			de Juigné se soutiennent et augmentent de plus en plus. Ses conversations 
			sont remplies de traits qui le décèlent, et comme il n'a pas l'art de 
			se cacher, tout le monde voit ses défauts. Il refuse au Mis 
			de Puységur et à moi lits et meubles. Il est vrai qu'il ne doit rien 
			au 1er
			mais au moins faut-il être honnête. Quant à moi nous verrons 
			quels arrangements il me proposera. Il a trouvé un expédient qui l'enchante 
			c'est de faire servir un nécessaire de voiture à renfermer ses chifîes 
			; c'est une armoire épargnée ! et je me souviens de lui avoir entendu 
			dire comme une maxime : Il n'y a point de petites économies.
			
			
			
			 Malheureusement, 
			il n'est déjà que trop connu, et j'ai bien été surpris lorsque Malveau 
			m'a dit qu'il n'était pas fait pour réussir dans ce pays-ci, qu'on y 
			savait 
			
			la cacade* 
			qu'il avait faite en Pologne ; en parlant de notre présentation au roi,  et 
			de la contenance qu'il avait gardée pendant sa conversation  . 
			Je fus étonné de ces détails, mais je vis le mot de l'énigme quand j'appris 
			ce qu'on va lire. 
			Il y a ici une maison, 
			probablemt celle 
			du Cte Branicki 
			ou du Pce adam 
			Czatorinski où l'on a dit que M. de Stackelberg ambassadeur russe à 
			Varsovie avait mandé qu'il avait vu dans cette ville le ministre 
			de France ; que c'était un homme sans connaissances, en un mot, un imbécile 
			et un sot. Voilà le propos qui s'est tenu à une table de douze couverts 
			; voilà l'homme jugé avant qu'il arrive, sa présence aura-t-elle fait 
			changer d'opinion.
			 
			Depuis quelques jours 
			nous sommes logés dans une maison voisine de l'hôtel de France où le 
			Mis de Juigné 
			a loué trois chambres pour une partie de son monde et que nous occupons 
			Puységur et moi jusqu'au départ de M. Durand. 
			
			
			 J'ai 
			eu  dans 
			cette maison une aventure assez drôle  . 
			J'y avais remarqué une jeune femme amie des locataires et qui vint occuper 
			un petit appartement dont l'escalier touchait la porte de ma chambre. 
			Je m'avisai d'agacer cette femme lorsqu'elle montait ou descendait. 
			Comme nous parlions chacun une langue que nous n'entendions pas mutuellement, 
			il n'était pas facile de se comprendre, cependant ses yeux me dirent 
			qu'elle pouvait me deviner. En conséquence je tentai l'aventure, et 
			me trouvant sur son passage, je lui pris les mains que je serrai. Le 
			geste était mon seul organe, il fallut alors le multiplier, mais j'étais 
			entouré d'argus* 
			et il devenait nécessaire de jouer l'air de la discrétion pour acquérir 
			plus promptement les droits du défaut opposé. Mon dessein ne déplut 
			pas : deux heures après je saisis une autre occasion et je donnai  à 
			ma belle le baiser le plus expressif, elle le comprit et s'y prêta avec 
			les grâces de la Française la plus consommée. Je la suivis aussitôt 
			dans sa chambre ; nouvelles embrassades, et comme le jeu paraissait 
			plaire à ma belle j'allai plus loin, et décorai mon doigt de l'anneau 
			de Hans Carvel. Ce début était trop brillant pour en demeurer là, mais 
			on nous allait surprendre, et la prudence nous fit séparer. Je crus 
			que les entreprises de la journée étaient finies, et je songeais le 
			soir en me déshabillant à trouver quelque nouvelle tournure pour le 
			lendemain, lorsque j'entendis ma petite femme descendre pieds nus, et 
			se présenter devant ma porte, je la fis entrer dans ma chambre, et de 
			ma chambre dans mon lit. Je n'ai jamais vu de plus beau corps, et des 
			beautés secrètes plus accomplies !  Cette 
			piquante aventure par sa singularité dura deux jours  après lesquelles ma nymphe partit pour la cam  pagne 
			et me laissa le repos du veuvage, et l'ignorance de son nom et de sa 
			personne. On m'a dit depuis que c'était la femme d'un officier.   | 
		
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			11 octobre 1775
			
  Mercredi 
			11. 
			Portalis est venu 
			ce matin à 8. heures, il a déjeuné et nous sommes sortis ensemble. Nous 
			avons été chez le prince Stéphane couraquin que nous n'avons pas trouvé,
			
			
			
			 de 
			là chez le Cte 
			Sacromoso qui n'y était point  ,  ensuite 
			chez M. Paukempol  que nous avons vu. Ce jeune homme paraît aimable, c'est le négociant 
			qui se plaint de Puységur. Je lui  ai 
			fait beaucoup d'honnêtetés*.  Il 
			m'a proposé de me faire dîner chez la daubecourt une comédienne avec 
			Mde 
			
			Souslaville  ; je l'ai remercié, mais en lui demandant de me réserver pour une autre 
			fois sa bonne intention. En revenant,      Portalis 
			m'a reparlé de ses amours      , 
			il m'a prié de lui faire une lettre je lui ai promis.  Il 
			me paraît décidé à s'attacher dans ce pays-ci. Mais il ne veut point 
			de service militaire ; son désir serait d'être avec quelque seigneur 
			russe qui voulût faire de grands voyages, ou d'être adjudant du grand-duc.  Sa 
			fortune n'est pas considérable ; il n'a plus dans ce moment-ci que 4000lt 
			tout au plus de rente, et depuis qu'il est à Moscou il n'a pas reçu 
			d'argent, néanmoins, il n'a dit-il, que 700. R. de dettes, et il peut 
			aller jusqu'à 1200, et même 2000.     
			
			
			 M. 
			martin a dîné avec nous  , 
			il m'a appris sous le secret que  le 
			Pce michel dolgoroucki 
			était amoureux et amant de la  Male 
			Czernichew  . 
			Il m'a ajouté qu'il était inquiet depuis quelque temps ; j'imagine que 
			c'est à cause du Cte 
			Laci qui l'a je crois, supplanté.  J'ai 
			montré à Martin mon journal de Jaroslaw qu'il a trouvé très joli, il 
			y a reconnu les mœurs, et il prétend que l'impératrice le lirait avec 
			plaisir, si elle en entendait parler  . 
			Nous avons ensuite, causé d'affaires ;  il 
			m'a parlé de ses projets de reprendre le vice-consulat ; il m'a montré 
			à ce sujet une lettre de Petersbourg par laquelle on lui mande que pour 
			peu qu'il le désire,  M. 
			de Léseps consul général sera fort aise de l'avoir pr 
			adjudant à Moscou  .  Mais, il voudrait obtenir des appointements de la cour, et il demande 
			2000. R.  M. 
			Durand qui juge un vice-consul nécessaire à Moscou, doit montrer à M. 
			le Cte de Vergênnes 
			un mémoire qu'a fait Martin à ce sujet  , 
			et  le 
			Mis de Juigné 
			qui m'en a fait un petit mystère, se propose d'écrire aussi au minis  tre 
			pour appuyer sa demande  . 
  J'ai 
			fait à Portalis sa lettre pour sa beauté, il m'en a paru fort content 
			; malheureusement, le mari est allé la rejoindre, et il n'ose plus écrire, 
			mais il cherchera l'occasion de lui remettre de quelque manière que 
			ce soit  . 
			Il était fou comme un braque. 
			
			
			 J'ai 
			écrit à hyéropolis à M. de Juigné  .   | 
		
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			20 décembre 1775
			
  Mercredi 
			20. 
			Comme j'étais à travailler 
			ce matin, 
			
			
			 est 
			venu Roger avec son beau-îère kerselli  ; je n'ai pu lui donner de nouvelles de la sollicitation que j'ai faite 
			pour lui au Cte 
			andré mais je lui ai dit que je lui écrirais de Petersbourg, mais je 
			l'ai prévenu qu'il n'aurait que 500. R. et il en veut 600. 
			
			
			 On 
			m'a apporté une lettre du Mis 
			de Vérac datée de Copenhague  ,  il 
			a écrit aus  si 
			au Mis de Juigné  . 
			
			
			 Le 
			Pce d'anhalt et 
			le Cte de Brhülle 
			m'ont écrit un mot pour nous demander à dîner, ils sont venus  .  Le 
			prince m'a parlé de ses amours avec un enchantement toujours égal  ; il y a passé la journée entière avec le Cte 
			Bhrülles hier,  on 
			y a lu mon épître au Cte 
			andré  , 
			et elle a fourni à la conversation. Ce qui m'a fait plaisir dans tout 
			cela, c'est l'intimité qui règne entre le prince et moi.  On 
			a parlé à table de différents usages  ; celui en Russie de boire la chôle avant les repas, c'est-à-dire un 
			verre de liqueur, et de manger le dessert dans le salon quand on est 
			hors de table ; ce dessert consiste en quelques plats de confitures 
			dont on prend avec la même cuillère dans tous après avoir mangé sans 
			l'essuyer. Les santés se boivent aussi les jours de fête les unes après 
			les autres dans le même gobelet ; la politesse vous engage seulement 
			à laisser un peu de vin dans  le 
			verre qui fait la ronde, qu'on jette dans celui [qui] est devant soi, 
			avant de le passer à son voisin. Le Pce 
			d'anhalt m'a dit qu'en Pologne il y avait certaine maison où l'on vous 
			annonçait quand vous sortiez ainsi que lorsque vous entriez, et d'après 
			cet avertissement d'un ou plusieurs valets de chambre il fallait essuyer 
			une bordée de compliments. 
  J'ai 
			été faire une course en traîneau avec dugué le comédien  pendant laquelle il m'a dit que je m'amuserais à Petersbourg et que 
			j'y aurais de jolies intrigues.    Nous 
			avons été chez un parfumeur nommé 
			Pincemaille père de la Souslaville, 
			qui est un très grand maçon    .  Nous 
			avons eu une conversation à ce sujet ; il me paraît fort avancé  . 
			Je lui ai parlé vaguement pour le voir venir, mais j'ai trouvé le moyen 
			de lui conter l'histoire de la clef. Il n'en a pas été surpris, et me 
			fera voir dans le même genre  des 
			choses qui m'étonneront ; je lui ai proposé de venir déjeuner avec 
			moi samedi, il viendra. Cet homme est de Metz, et m'a confirmé 
			ce qu'on m'a dit qui arrive trois jours de l'année. C'est une pluie 
			d'insectes comme des moucherons qui sont blancs et sucrés qu'on recueille 
			alors et qu'on appelle la Manne. Ce qu'il y a de singulier c'est le 
			temps égal et périodique pendant lequel cette pluie arrive ; et M.
			Pincemaille m'a assuré la vérité du fait qu'on m'avait déjà dit. 
  J'ai 
			été souper le soir chez la comtesse Pierre  .   | 
		
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			25 décembre 1775
			
			
			
			
			 Lundi 
			25. 
			A mon lever 
			
			
			   j'ai 
			trouvé M. Roger dans ma chambre. Il m'a promis un livre qui a pour titre 
			: Facultés intellectuelles de l'homme      .  Nous 
			sommes sortis ensemble pour aller chez 
			Pincemaille que j'ai trouvé. 
			Nous avons parlé maçonnerie  .    Il 
			m'a entretenu ensuite de secrets qu'il me communiquera  ; il y en a un pour la fièvre qui est une puérilité ; la voici : Il 
			faut se couper les ongles des pieds et des mains, sortir à jeun pour 
			chercher un arbre de ceux dont l'écorce se lève facilement ; on mâche 
			une bouchée de pain qu'on réduit  en 
			pâte, on la mêle avec les ongles, et on la met sous un des côtés de 
			la croix qu'on a fait dans l'arbre avec un canif sur l'écorce ; et l'on 
			dit cinq pater et cinq ave en l'honneur des cinq plaies 
			de J. C.    On 
			croira difficilemt 
			que dans le dix-huitième siècle, celui de la philosophie on rapporte 
			de pareils traits, mais la raison ne vient pas toujours avec l'âge, 
			et les vieux enfants ne sont pas les plus rares  .  J'ajouterai 
			à ceci une histoire de revenants  . Aux environs de hambourg il y a une foire célèbre ; dans ce lieu se 
			trouvent beaucoup de maisons de campagne qui sont très occupées dans 
			le temps de la foire. A cette époque arriva il y a quelques années un 
			négociant dans cet endroit, il demande gîte à un de ses amis qui lui 
			dit que sa maison était remplie, que les domestiques n'avaient point 
			de places et qu'ils avaient laissé à leurs maîtres leurs logements ; 
			qu'il ne restait plus que la chambre où il revenait des spectres, mais 
			qu'il ne voulait point que son ami
  logeât 
			dans un tel gîte ; l'ami insista et voulut y passer la nuit. Dès qu'il 
			fut couché, arrive dans la chambre un homme suivi de deux laquais qui 
			l'éclairaient. La figure du maître se déshabille et va se placer dans 
			le lit à côté du négociant, et les domestiques se retirent ; un instant 
			après l'un d'eux paraît, et va poignarder l'homme qui venait de se coucher. 
			Son camarade arrive, et tous les deux tirent hors du lit la figure poignardée, 
			et l'enterrent sous le plancher dont ils ôtent et remettent les planches, 
			après quoi ils se retirent. Le négociant spectateur étonné de ce qu'il 
			vient de voir se lève, et va trouver le maître de la maison à qui il 
			raconte sa vision ; on lui demande s'il se ressouvient de la physionomie 
			de l'homme égorgé ; il la reconnaît dans plusieurs portraits de famille 
			qui étaient au château ; il fut reconnu que c'était le îère du maître 
			du logis dont on n'avait point eu de nouvelles depuis 27. ans époque 
			de ce qui se  passait 
			dans cette chambre. On y fouilla le plancher sous lequel on trouva des 
			ossements ; on eut soin de les enterrer et les revenants disparurent. 
			
			
			 J'ai 
			dîné chez la comtesse Zachar j'étais entre le Pce 
			d'anhalt et le chever
			de Mézieres  qui m'obligeait par politique de partager ma conversation entre lui 
			et mon autre voisin.  J'ai 
			été après le dîner chez le Pce 
			michel dolgoroucki et le Mal 
			Rasomoffski  ;  je 
			suis revenu ensuite chez moi où j'ai trouvé M. 
			
			Pincemaille  .  Nous 
			avons reparlé maçonnerie dont il a une collection complète qu'il 
			me communiquera. Il m'a parlé aussi d'un élixir intéressant pour sa 
			vertu ; il répare les forces affaiblies … Il a encore une composition 
			de métal propre à prendre l'empreinte des médailles, qui a la couleur 
			et le poids de l'argent  . 
			Nous verrons toutes ces merveilles à Petersbourg, 
			et j'espère que nous partons demain s'il n'y a pas de nouveaux arrangements.   |