<= Quevauvillers-1635

 

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(voir "Lieux où ils habitent": Quevauvillers)

 

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Le village de QUEVAUVILLERS (80)

 

La conquête de la Gaule et son occupation par les Romains, apporta dans cette contrée alors habitée par des peuplades indépendantes, de notables changements, non seulement dans l’administration, les moeurs et les coutumes, mais encore dans la constitution du sol ; car on vit bientôt les vastes forêts qui couvraient la plus grande partie du pays et servait comme de temples aux divinités du paganisme, disparaître pour faire place à de nombreuses voies romaines, qui partant du coeur de l’Empire, répandirent la vie et l’activité, là où naguère régnait la solitude.

Ces voies larges et solides, appelées chaussées Romaines et chaussées Brunehaut, reliaient entre elles les principales villes de la Gaule. Ramifiées en une foule de chemins ou branches, elles donnèrent naissance à un très grand nombre de villes, de villas, de métairies, etc... Cependant, pour conserver leurs conquêtes, entretenir une correspondance active entre le centre et les extrémités, et porter secours aux endroits faibles, les Romains sentirent le besoin d’établir le long de ces voies, des postes de cavalerie. Ce fut l’un de ces postes, qui donna naissance à Quevauvillers, désigné, dans les actes anciens par ces mots Equitum villa (résidence des cavaliers) et situé sur la grande chaussée Romaine, qui partait d’Amiens, achevalait la petite rivière de Selle au Pont-de-Metz, enfilait la longue vallée de Creuze, passait à Quevauvillers, Poix, sortait au village de Romescamp (romanorum campus) pour entrer en Normandie et se rendre à Rouen par Forges.

Établi sur un vaste et large plateau, couronné de bois séculaires, nul pays n’était plus favorable aux évolutions de la cavalerie. A cause de sa position et aussi de l’occupation Romaine, Quevauvillers devint bientôt un centre important et vit accroître sa population jusqu’au moment de l’invasion Normande. A cette époque fatale, le Nord de la France fut bouleversé, et bien des villes, brûlées ou détruites de fond en comble, disparurent. Quevauvillers ne fut pas épargné par les barbares Normands ; ses habitants, après avoir vu leurs demeures pillées, furent réduits à se cacher dans deux souterrains qui sont restés comme des témoins irrécusables des malheurs du temps ; l’un situé près le bois et l’autre sous la chaussée d’Amiens.

Après ce désastre, Quevauvillers ne tarda pas à sortir de ses ruines, et bientôt l’on vit avec le courage de ses habitants, renaître l’aisance et le bien-être. Les populations environnantes, qui avaient choisi ce pays comme centre de leurs transactions commerciales, ne contribuèrent pas peu à lui donner de l’accroissement ; aussi le nombre des habitants, restreint d’abord, fut-il porté à 2000. Suivant une requête ancienne, il y avait encore en 1787, à Quevauvillers 300 feux, et 800 communiants, sans y comprendre un grand nombre d’enfants de 12 à 14 ans en état de communier. Le recensement de 1821 accuse 1171 habitants.

Enfin, des lettres-patentes de Saint-Germain-en-Laye, datées du mois d’août 1679 et consignées dans le registre des Chartres du bailliage d’Amiens de 1672 à 1680, constatent qu’à cette époque, il existait à Quevauvillers un marché tous les mercredis de chaque semaine et trois grande foires par an : le 3 février, le mercredi de la semaine de la Passion et le 17 septembre, jour de la saint Lambert. Après la Révolution, les foires furent réduites à deux, dont l’une se tient au mois de juillet, le jour de la Madeleine et l’autre au mois d’octobre, le jour de la saint Crépin. Ce qui contribua le plus à la prospérité de Quevauvillers, ce fut la résidence des seigneurs, les sires et princes de Poix et leurs successeurs, qui choisirent ce pays, à cause de la richesse du sol, l’agrément des bois, la facilité des communications, pour en faire leur châtellenie.

Quevauvillers, dans l’origine, possédait deux seigneurs communs, qui avaient leur château dans le pays. L’un de ces châteaux, situé vers Courcelles et habité en dernier lieu par Mme Bailly, a complètement disparu ; l’autre appartenant à la famille Gomer, fut habité par ses seigneurs jusqu’en 1842, époque à laquelle ils établirent leur résidence à Courcelles-sous-Moyencourt.

Sans être aussi remarquable que celui de Courcelles, le château de Quevauvillers, dont la construction rapelle l’époque de Louis XIII, ofîe des avantages avec ses vastes dépendances, de ses belles promenades et de sa position au centre de la population.

A la Révolution, le comte de Gomer, victime de son dévouement au pays, prenait le chemin de la prison. M. Nicquet, curé, prenait celui de l’exil ne voulant en aucune manière prêter serment à la Constitution Civile du Clergé. L’église fut transformée en salpétrière, le mobilier et les ornements vendus à vil prix. La déesse Raison fut installée sur l’autel et reçu les hommages dus à un dieu.

Après l’Empire, le département de la Somme eut à subir l’invasion et voir les Cosaques s’installer dans la ville d’Amiens. Toutes les administrations furent alors désorganisées, le siège de la Préfecture, avec tout son personnel, fut transféré au château de Quevauvillers. C’est de là que, pendant le temps de l’invasion, partirent les ordres pour l’administration du département.

Jadis, l’instruction des filles était donnée par une personne du pays et même par l’instituteur communal. En 1828, Mlle Léonide de Gomer fit construire une maison avec dépendance et une rente de 300 î fut fondée pour le traitement des religieuses. En 1842, les religieuses de la Sainte-Famille vinrent prendre possession de leur nouvelle maison qu’elles dirigèrent avec un dévouement admirable. Les donateurs voulurent abandonner l’établissement à la commune mais celle-ci refusa cette libéralité et l’école de fille resta un établissement libre et indépendant.

Dans l’origine, la paroisse de Quevauvillers dédiées à Notre-Dame de la Nativité, dépendait du doyenné de Conty, ainsi qu’on peut le constater par les Pouillés de 1301, de 1567, de 1638 et de 1682, dans lesquels elle est désignée sous les noms de Equevauvillers, Kevauvillers, qui rappellent son origine. Mais en vertu d’une ordonnance de Monseigneur Henri Feydeau de Brou, 77° évêque d’Amiens, donnée en 1689, elle fut attachée au doyenné de Poix. Ce doyenné très important comprenait, dans sa plus grande longueur, 8 lieues depuis Fluy jusqu’à Formerie, et 5 lieues dans sa plus grande largeur ; il comptait 49 cures, 12 chapelles et 9 prieurés. En 1790, elle fut attachée au canton et doyenné de Molliens-Vidame.

Dans les registres de la Seigneurie, nous trouvons, en 1778, que la charge de procureur fiscal de la justice et seigneurie de Quevauvillers était remplie par Alexis Boyeldieu ; celle de lieutenant de la justice, par François-Adrien Sainneville ; celle de greffier, par Nicolas Percheval.

 

Notes de Monsieur l’abbé Lieure, curé de Quevauvillers

Ad mémorium eorum quœ enenevunt anno millesimo septingentesimo nono. 1709.

L'hiver 1709 a été si rude que de mémoire d'homme on n'en avait eu un semblable. Il a commencé à geler le jour des rois avec une telle véhémence qu'il gelait au coin des bons feux. Plusieurs personnes sont mortes de îoid dans les champs entre autres le Magister du village de Croinvault appelé Alexis Duquesne et un autre homme avec lui qui venait tous deux de Caulière.

La vigueur du îoid a continué jusqu'à la Chandeleur, quelques jours après il est tombé une grande quantité de neige que personne ne se souvenait en avoir tant vue. Il a dégelé vers le mardi-gras, mais la première semaine de Carême, la gelée a recommencé comme auparavant avec un verglas qui a duré environ quinze jours. Tous les blés ont été gelés ce qui a causé une très grande cherté, en sorte que le setier du blé a valu onze livres. On a semé des paumelles dans les terres où le blé avait été gelé, il en est venu une si grande quantité que personne ne se souvenait en avoir tant eu. Le setier des paumelles a valu dans le temps de semer quinze livres et davantage, on n'en trouvait pas pour de l'argent ce qui a été cause que plusieurs n'ont pu semer. On a eu l'année suivante des paumelles qui valait encore, le setier, sept livres vers la Toussaint, mais qui a diminué de prix vers Pâques, elle valait encore, à la fin de juillet, soixante-quinze sols le setier. Le pauvre peuple a bien souffert et encore plus pour attendre la dépouille des paumelles ce que depuis, hac seviph ad perpetuam vos memoriam ut in qui hac legevins deum deprecemur ut in postevum a tali miseria populum sum liberet.

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En l'an mille sept cent onze, au mois de mai et juin, on a fait refaire la muraille de l'église au grand autel et à la chapelle collatérale du coté de l'évangile.

Le maçon qui l'a refait s'appelait Joachim Boieldieu, dit Jean Daust. Il a pris soixante-dix sols de la toise pour défaire et refaire sans qu'il en ait livré aucune chose. L'église a tout fourni comme pierres, chaux, briques, argiles, cailloux et voitures. Nicolas Mantel, mercier était Marguillier en charge, il s'est bien acquitté de son devoir.


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